Les Demeurées

Comme dans Leur Histoire (Les mots bleus de D. Mainard) et plus même encore, Les demeurées  (un très court récit original, prenant et émouvant) raconte l’histoire d’une petite fille et de sa maman, l’idiote du village; leurs relations sont fusionnelles et indicibles ; comment dès lors, Luce, l’enfant, pourrait-elle accéder à la connaissance que voudrait tant lui inculquer l’institutrice pour qui les mots sont évidemment essentiels ?

Luce va trouver grâce au hasard dont sa maman est la messagère, grâce à cette intuition maternelle qui se passe de mots, un autre moyen d'expression; sa maman lui rapporte des bouts de fils que Luce va tresser en rubans multicolores pour décorer la maison humble avant de devenir… brodeuse, sans même avoir appris!

« Luce contemple les teintes qui s’entremêlent. Les petits doigts fins se mettent à l’ouvrage, dénouent, lissent, séparent, redonnant à chaque fil de la nudité de sa couleur. Une joie.
          Dans sa gorge montent des sons chatoyants, elle les murmure tout bas. Un langage pour elle toute seule. La Varienne entend. La voix de la petite lui entre dans le corps. Avec les fils, Luce fait des tresses de couleurs. La maison prend des allures de fête.
           [...] au bout de plusieurs jours, elle prend une aiguille gravement et enfile un long brin de coton jaune. Elle commence à piquer le tissu d’un torchon. Pour les gestes du fil et de l’aiguille, elle a une facilité inattendue. Elle restitue des bribes que le jardin a livrées à son regard, pêle-mêle : l’aile d’un oiseau, une feuille d’arbre, un pétale. L’ensemble forme un étrange rébus (…) elle recompose un monde, c’est SON monde. »

Jeanne Bénameur, Les Demeurées.

Merci Anne pour cette contribution!         

Comments

[Hélène A.]

de lire ce livre. Mais il faut être réaliste. Actuellement j'ai du mal à me concentrer sur rien je dois me reposer beaucoup, mais je prends note et peut-être vais-je l'acheter pour plus tard. Au point où j'en suis... : les plafonds n'ont pas changé de hauteur, et les piles de livres par-terre s'écroulent !