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dentelles d'encre / Ink Lace
30 mars 2006

'Metzengerstein'

Une haine séculaire entre deux familles au coeur d'une Hongrie féodale, voilà la toile de fond ce cette nouvelle d'Edgar Alan Poe, obsédé par les théories de la métempsychose, la première qu'il ait écrite, pour parodier Walpole. Les deux familles sont liées par une obsure prophétie: "Un grand nom tombera d’une chute terrible, quand, comme le cavalier sur son cheval, la mortalité des Metzengerstein triomphera de l’immortalité des Berlifitzing".

Frederick Metzengerstein devient riche baron à l'âge de quinze, au décès de sa mère. S'ensuivent débauches, trahisons et atrocités, et bientôt le château de  son ennemi, le comte de Berlifitzing, est en flammes. Tous accusent Frederick, étonnamment fasciné par une tapisserie:

"But during the tumult occasioned by this occurrence, the young nobleman himself sat apparently buried in meditation, in a vast and desolate upper apartment of the family palace of Metzengerstein. The rich although faded tapestry hangings which swung gloomily upon the walls, represented the shadowy and majestic forms of a thousand illustrious ancestors. Here, rich-ermined priests, and pontifical dignitaries, familiarly seated with the autocrat and the sovereign, put a veto on the wishes of a temporal king, or restrained with the fiat of papal supremacy the rebellious sceptre of the Arch-enemy. There, the dark, tall statures of the Princes Metzengerstein—their muscular war-coursers plunging over the carcasses of fallen foes—startled the steadiest nerves with their vigorous expression; and here, again, the voluptuous and swan-like figures of the dames of days gone by, floated away in the mazes of an unreal dance to the strains of imaginary melody.

But as the Baron listened, or affected to listen, to the gradually increasing uproar in the stables of Berlifitzing—or perhaps pondered upon some more novel, some more decided act of audacity—his eyes became unwittingly rivetted to the figure of an enormous, and unnaturally colored horse, represented in the tapestry as belonging to a Saracen ancestor of the family of his rival. The horse itself, in the foreground of the design, stood motionless and statue-like—while farther back, its discomfited rider perished by the dagger of a Metzengerstein.
[...]

his gaze returned mechanically to the wall. To his extreme horror and astonishment, the head of the gigantic steed had, in the meantime, altered its position. The neck of the animal, before arched, as if in compassion, over the prostrate body of its lord, was now extended, at full length, in the direction of the Baron. The eyes, before invisible, now wore an energetic and human expression, while they gleamed with a fiery and unusual red; and the distended lips of the apparently enraged horse left in full view his gigantic and disgusting teeth.

Stupefied with terror, the young nobleman tottered to the door. As he threw it open, a flash of red light, streaming far into the chamber, flung his shadow with a clear outline against the quivering tapestry, and he shuddered to perceive that shadow—as he staggered awhile upon the threshold—assuming the exact position, and precisely filling up the contour, of the relentless and triumphant murderer of the Saracen Berlifitzing."

"Quant au jeune gentilhomme, pendant le tumulte occasionné par cet accident, il se tenait, en apparence plongé dans une méditation, au haut du palais de famille des Metzengerstein, dans un vaste appartement solitaire. La tenture de tapisserie, riche, quoique fanée, qui pendait mélancoliquement aux murs, représentait les figures fantastiques et majestueuses de mille ancêtres illustres. Ici des prêtres richement vêtus d’hermine, des dignitaires pontificaux, siégeaient familièrement avec l’autocrate et le souverain, opposaient leur veto aux caprices d’un roi temporel, ou contenaient avec le fiat de la toute-puissance papale le sceptre rebelle du Grand Ennemi, prince des ténèbres. Là, les sombres et grandes figures des princes Metzengerstein - leurs musculeux chevaux de guerre piétinant les cadavres des ennemis tombés - ébranlaient les nerfs les plus fermes par leur forte expression ; et ici, à leur tour, voluptueuses et blanches comme des cygnes, les images des dames des anciens jours flottaient au loin dans les méandres d’une danse fantastique aux accents d’une mélodie imaginaire.

Mais, pendant que le baron prêtait l’oreille ou affectait de prêter l’oreille au vacarme toujours croissant des écuries de Berlifitzing, - et peut-être méditait quelque trait nouveau, quelque trait décidé d’audace, - ses yeux se tournèrent machinalement vers l’image d’un cheval énorme, d’une couleur hors nature, et représenté dans la tapisserie comme appartenant à un ancêtre sarrasin de la famille de son rival. Le cheval se tenait sur le premier plan du tableau, - immobile comme une statue, - pendant qu’un peu plus loin, derrière lui, son cavalier déconfit mourait sous le poignard d’un Metzengerstein.
[...]

son regard retourna machinalement au mur. A son grand étonnement, la tête du gigantesque coursier - chose horrible ! - avait pendant ce temps changé de position. Le cou de l’animal, d’abord incliné comme par la compassion vers le corps terrassé de son seigneur, était maintenant étendu, roide et dans toute sa longueur, dans la direction du baron. Les yeux, tout à l’heure invisibles, contenaient maintenant une expression énergique et humaine, et ils brillaient d’un rouge ardent et extraordinaire ; et les lèvres distendues de ce cheval à la physionomie enragée laissaient pleinement apercevoir ses dents sépulcrales et dégoûtantes.

Stupéfié par la terreur, le jeune seigneur gagna la porte en chancelant. Comme il l’ouvrait, un éclat de lumière rouge jaillit au loin dans la salle, qui dessina nettement son reflet sur la tapisserie frissonnante ; et, comme le baron hésitait un instant sur le seuil, il tressaillit en voyant que ce reflet prenait la position exacte et remplissait précisément le contour de l’implacable et triomphant meurtrier du Berlifitzing sarrasin."

Sortant de son château, le Baron Frédérick se trouve face au cheval de la tapisserie, que ses pages ont sauvé de l'incendie des écuries du château du comte Berlifitzing, décédé dans l'incendie, bien que les écuyers de ce dernier jurent ne jamais avoir vu le superbe animal.  Le comportement du Baron change alors radicalement: il fduit toute compagnie sauf celle de l'étalon, créature fantastique. Lorsque le château du Baron aura a son tour été détruit par les flammes, il flottera au-dessus des flammes la figure colossale d'un cheval.

On peut lire la nouvelle d'Edgar Alan Poe ici en anglais et là en français.

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