Le chant des brodeuses
Dominant les forêts
traversant les rivières
l'été aux yeux de raisin mûr
marche vers nous dans le soleil
Jarres d'huile murées
dans le silence de midi
les femmes écoutent battre un coeur
qu'elles ont caché dans cette terre
Jadis elles débusquaient l'été
se baignaient nues dans la rivière
bêtes et flammes les suivaient
et le vent frémissait
dans les sentiers
sous leur regard
Et sous leurs doigts les soies s'emmêlent
capturant sources et rumeurs
destinant cette fièvre
née du feuillage et des couleurs.
Marie-Paule Lavezzi, Le Chant des brodeuses, CRDP de Corse, 1988
Merci, Ariane, pour cette contribution!
Je suis particulièrement touchée par le glissement de la dernière strophe: on attend (et on entend!) "dessinant", mais "destinant" fait surgir l'image des Parques...
Joyeux noël à toutes!