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dentelles d'encre / Ink Lace
22 novembre 2007

Marbot

Dans Pourquoi la fiction? Jean-Marie Schaeffer (interview à propos de cet ouvrage critique sur Voxpoetica.org) met en lumière l'importance du contexte dans la réception de la fiction. Il prend pour exemple l'auteur allemand Wolfgang Hildesheimer qui, en 1981, publie Marbot. Eine Biographie narrant la vie de Sir Andrew Marbot (1801-1830), esthéticien et critique d'art anglais. Marbot croise Goethe, Byron et Delacroix, seulement, voilà, cette biographie est fictive... sauf que... personne ne le soupçonne puisque quatre ans plus tôt il a publié une biographie (réelle) de Mozart, sobrement intitulée Mozart.

"Dans une conférence consacrée à son livre, Hildesheimer s'est étonné que de nombreux lecteurs aient pu être dupes: 'Si tant de lecteurs et de critiques se sont pris au piège de ma feintise, tout ce que je puis répondre c'est que ce n'est pas ma faute. Il est vrai que mon intention avait été de donner vie à Marbot, mais je ne voulais abuser (hintergehen, tromper, duper) personne, même si je me rends compte aujourd'hui que la révélation de son caractère fictif était peut-être trop cachée et trop faible. On la trouve en premier lieu dans le texte des rabats de la jaquette où il est dit que Marbot est pour ainsi dire tissé (eingewoben) dans l'histoire culturelle du XIXe siècle - expression que personne ne semble avoir lue. On la trouve ensuite dans l'index: il comporte exclusivement les noms des personnes ayant réellement existé et devient, de ce fait, la clef du livre."

Jean-Marie Schaeffer, Pourquoi la fiction?, Seuil,1999.

Si personne n'a remarqué cette expression, c'est sans doute que  Hildesheimer tient pour acquis ce qui n'est souvent que métaphorique dans les textes (dont certains publiés sur dentelles d'encre):que le tissage est la fiction même, voire le fictif même! Cela n'a en effet rien d'évident: pourquoi le destin de Marbot ne serait-il pas tissé dans l'histoire de son siècle parce qu'il en a côtoyé les grandes figures, tout simplement?  Cette remarque me semble en dire long sur le devenir de la métaphore: on finit par (feindre de) la prendre pour le fait même! C'est la revanche de Pénélope!

Petit commentaire personnel, une fois n'est pas coutume:
Ce texte illustre par ailleurs bien ma situation du moment entre réalité et fiction: vous aurez sans doute remarqué, et peut-être même déploré, le grand calme qui règne sur mes deux blogues depuis quelques mois maintenant, c'est que le clown attend un acrobate qui gigote déjà pas mal et qui limite beaucoup ma vie aux coulisses, entre deux sommes... Mes périodes d'éveil étant fort limitées, je n'ai pas vraiment le temps de les consacrer au monde virtuel (mais non fictif) de la blogosphère... Entre le boulot et les problèmes de métro, j'ai tout de même le temps de m'ennuyer d'eux et de vous - mais pas l'énergie (pour l'instant) de publier régulièrement. Je fais de mon mieux - et tenez bon en vous disant que ce n'est que passager...
 

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Commentaires
S
ben finalement je vais vous lire aussi merci a vous
M
félicitation pour cette jolie nouvelle!
N
Bonne nouvelle, très bonne nouvelle .... et .... dors maintenant il en est encore temps ;-)
S
lle merveilleuse nouvelle .. et quelle cachotière !<br /> alors maintenant tu tricotes ? <br /> <br /> bises
J
On tient bon , on te lit, on vous lit!
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