C'est pourtant pas la guerre
Difficile de classer le livre de Maryline Desbiolles dans une catégorie bien étanche: elle est allée en banlieue, recueillir des témoignages d'habitants qu'elle a distillés en une courte fiction, se faisant l'écho de plusieurs voix.
Deuxième voix
"En élargissant un peu le champ (si peu: la cuisine est toute petite), on verrait une femme assise derrière moi cependant que j'essaie de noter des bouts de la vie que madame Andrée me jette à la figure, une femme qui ne dit mot, mais il n'est pas juste de dire qu'elle se contente de sourire. Car il me semble que si j'arrivais à qualifier ce sourire, à savoir de quoi il retourne, il n'y aurait nul besoin de vérifier dans le carnet ce qu'elle m'a confié quelques jours plus tôt dans le deux-pièces du rez-de-chaussée, nul besoin d'en faire état. (Confié, entendons-nous bien là-dessus: il ne s'agit pas de confession mais de don, les paroles me sont confiées afin que j'en fasse bon usage, les paroles sont un ballot de linges que je prends sous mon bras.)"
Maryline Desbiolles, C'est pourtant pas la guerre, Seuil, 2007.
L'écrivaine en lingère me rappelle vaguement l'écrivaine en femme de ménage qui montre parfois le bout de son nez au détour d'un roman de Virginia Woolf...