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dentelles d'encre / Ink Lace
13 février 2007

Nuit de fête

Fasciante et lancinante description d'un sempiternel, et donc frustrant, effeuillage, où le textile, le masque, seuls, existent:

"L'inconnue se déshabillait.
D'abord, elle ôtait son voile. Or, sous les dentelles, en étaient d'autres.
Elle défit sa robe, mais, dessous, apparut une autre robe exactement semblable. Elle ôta ses gants qui en cachaient d'autres; [...]  La mystérieuse se déshabillait sans cesse. Mais elle demeurait toujours vêtue de la même façon, si elle devenait de plus en plus mince. Les Yeux avaient de fascinatrices lueurs phosphorescentes, et toujours elle gardait son exquisité de lignes. Mais le pluriel des lignes devenait de plus en plus singulier.
Pierrot se demandait si son rêve allait être insaisissable comme tout infini bonheur. Enfin, elle rejeta le dernier pantalon de dentelle et surah, ôta les derniers bas de soie noirs, les derniers petits souliers qui avaient en croix des osselets microscopiques, écarta, en laissant choir les derniers gants, une chemise qui s'ouvrit, par devant, du haut en bas sur sa joliesse.
Quand elle fut toute nue, - les seins étaient du rêve, les bras étaient du songe, les jambes, les cuisses, la mousse brune (où son front voulait s'abattre à côté, vaincu par le plaisir, voluptueusement saturé du parfum de cette fleur de femme si souhaitée, nostalgique, il semblait, à jamais), ses jambes, ses hanches étaient immatérielles, ses seins étaient de rêve, ses bras étaient du songe, - quand elle fut toute nue,
il n'y avait plus rien."

Félicien Champsaur, Nuit de fête, vers 1889.

Ah, la littérature décadente...

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Commentaires
S
et en plus il ne fut pas décu de ce qu'il trouva en dessous !
M
la suite !!! la suite !!! :p
dentelles d'encre / Ink Lace
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