Le divin marquis
Un enchaînement avec Les Malheurs de Sophie peut-être pas si abrupt qu'il y paraît...
Pour lutter contre la torpeur qui s'est
récemment emparée des françaises & des français, et donc aussi des
fidèles lectrices de dentelles d'encre, à l'exception, peut-être de
celles d'entre nous qui nous agitons encore pour produire les ATC de
notre échange, Anne propose
cet intermède coquin, extrait d'un roman du divin marquis, qui se
préoccupait d'encre autant que de dentelle, ce tissu qui dévoile tout en prétendant dissimuler, surtout quand il y en avait fort peu...
"différents costumes, aussi galants que
pittoresques, embellissaient les hommes, mais celui des femmes était
trop délicieux pour ne pas mériter une description particulière. Elles
étaient vêtues d'une chemise de gaze écrue quiflottait négligemment sur
leur taille sans la masquer ; une collerette en fraise ornait leur cou
; et la tunique que je viens de décrire était, par le moyen d'un large
ruban rose, renouée au-dessous de leurs reins, qu'elle laissait
absolument à découvert ; par-dessus cette chemise, elles avaient une
simarre de taffetas bleu, qui, se rejetant et voltigeant en arrière,
n'ombrageait en rien le devant ; une simple couronne de roses ornait
leurs cheveux, flottant en boucles sur leurs épaules. Ce déshabillé me
parut d'une telle élégance que je voulus m'en revêtir sur-le-champ."
Sade, Juliette.
Humm, qu'est-ce qu'une "simare"? La définition qu'en donne le littré ne manque pas de sel dans ce contexte libertin...