Consigne des minutes heureuses
Une nouvelle contributrice (bienvenue!) nous propose un extrait qui mèle intimement désir, broderie et écriture.
C'est l'auteure qui parle:
" J'ai donc décidé, pour ce qui concerne ce livre, de m'imposer une
ligne de conduite, de me tenir au doigt et à l'oeil. Aucun accent de
fureur, ni de mélancolie. Et pas un dé à coudre de sperme. Je serai
d'une chasteté exemplaire, réservant à d'autres livres, murmures, cris,
accents de ma ferveur amoureuse, si Dieu me prête vie. Et si j'en ai
toujours le désir. Car c'est le désir le maître mot. C'est le désir qui
conduit les livres.
Mais j'aime aussi l'idée du dépassement de soi. N'ayons pas peur des
mots, disons que j'aime l'idée de la sublimation. Moi qui déteste tenir
une aiguille, je m'assoirai comme une couseuse à sa fenêtre, et tout au
long de cet hiver, je broderai avec patience une tapisserie, faite
seulement de fous rires, de chuchotements et de silence. Patience. Un
manteau de patience.
Oui patience ! Patience des minutes heureuses... "
Françoise Lefèvre, Consigne des minutes heureuses, Livre de Poche, J'ai LU N° 5595 - page 4O
Il s'agit d'un recueil de nouvelles qui sont largement autobiographiques, comme le signale la quatrième de couverture: "... Dans ce recueil de 14 textes, aux titres puisés dans le quotidien, Françoise Lefèvre confirme son art d'évoquer les émotions les plus subtiles et les plus graves, avec un regard et un style inimitables."
Merci Christine T pour cette contribution - et pour toutes ces précisions!